Participants : Olivier, Vincent, Arnaud, Jérôme et Alex.
Cet été, 5 membres du groupe Explo 2009 se sont rendus sur le massif de Durmitor au Monténégro dans le but de faire une reconnaissance préalable au camp d’exploration prévu en 2009. C’est sous forme de journal de bord que le récit de ce périple est présenté ci-dessous.
Vendredi et samedi
Partis en minibus depuis Liège le vendredi soir, nous entamons le trajet, qui se fera d’une traite en traversant l’Allemagne, l’Autriche, la Slovénie, le nord de la Croatie, la Serbie et enfin le Monténégro. Le trajet se passe sans encombres jusqu'à la frontière Serbe, où une file monstrueuse de voitures nous fait perdre presque 2 heures. Les cinq dernières heures de trajets se font sur routes nationales sinueuses, ce qui nous permet d’apprécier les paysages de plus en plus montagneux. Enfin, nous atteignons samedi en fin de soirée Žabljak, modeste station de sport d’hiver située au pied du massif (NO du Monténégro) à 1400 m d’altitude. Nous sommes accueillis par nos contacts spéléos serbes : Fric, Dača et Radmila
. Affamés par notre long trajet, nous partons nous restaurer de spécialités locales avec eux. Ensuite nous nous rendons à notre logement situé au pied de la montagne. Nous campons dans le jardin de la « maison » de Zis et Zloća, chacun spéléos et hydrogéologues serbes. D’emblée, ils se trouvent être de merveilleux hôtes, en nous accueillant et nous invitant à manger quelques grillades, que nous ne pouvons refuser. Après installation des tentes, c’est donc complètement repus que nous nous endormons.
Dimanche
Sortis des nos tentes, première vision du massif sous les lumières du soleil : nous sommes au pied de montagnes calcaires dénudées d’environ 2000 m d’altitude. De l’autre côté le relief est plus doux et verdoyant. Pour certain ça fait penser
au Yorkshire où l'on a planté une montagne. Après un déjeuner partagé avec nos hôtes, Zloća nous fait une description de la géologie et de l’hydrogéologie du massif, sur base des cartes topo et géologique. C’est ensuite sur le terrain qu’elle nous fait découvrir la géologie et le contexte de la région, lors d’une ballade vers le Lac Noir. Malheureusement, la fin de la ballade se déroule sous une belle drache qui nous oblige à nous réfugier dans une pizzeria pour le reste des explications.
Début de soirée, Alex et Olivier rencontrent Mićan, un spéléo local
travaillant au parc naturel du Durmitor, pendant qu'Arnaud, Jérôme et Vincent font des courses en prévision de la montée sur le massif. Nous regagnons ensuite notre « camping » pour une superbe omelette.
Lun
di
Le temps prévu sur Durmitor étant mauvais, nous décidons de nous rendre sur le massif voisin de Lojanik. Situé au sud de Durmitor, ce massif est moins élevé et semble moins arrosé aujourd’hui. Accompagnés par nos amis serbes (Fric, Radmila, Dača et Ivana), nous nous rendons vite compte que ce massif est potentiellement intéressa
nt. Le karst y est plein de phénomènes : superbes lapiez, cannelures et autres formes d’érosion mais aussi quelques cavités trouvées. Huit d’entre elles ont été marquées et pointées au GPS et deux ont été visitées. La première descendue par Olivier est un puits de 9 m terminant sur une salle d'approximativement 8 m sur 5 m.
La deuxième est découverte par Dača et visitée par Arnaud. Fin de journée, Alex et Dača, véritable tête chercheuse de grottes, découvrent un autre trou prometteur (2,5 secondes de chute de cailloux) mais malgré leurs cris de protestation du haut de leur perchoir, le jour déclinant, nous décidons de rentrer aux voitures.
Le repas du soir nous est encore offert par nos hôtes : des poivrons farcis, une spécialité serbe.
Mardi
La météo étant la même qu’hier (pluie sur le massif), nous décidons de retourner sur Lojanik pour continuer la prospection. Chemin faisant, nous remarquons une doline assez intéressante au bord de la route. Alex, Arnaud et Jérôme partent à l'attaque et découvrent une vaste salle (+/- 15 m par 10 m par 9 m) en forte pente qui continue sur un puits de 2-3 m qui se désescalade. La découverte s'arrête un peu plus loin sur une étroite cheminée et un conduit qui se resserre.
Arrivés sur le massif, le groupe se scinde en trois parties : Arnaud et Jérôme vont visiter un porche repéré la veille, qui, bien que très joli, sera sans suites. Vincent part prospecter un peu plus loin et récolte les précieux témoignages des bergers, qui passent plus de temps à nous épier qu’à recenser les cavités. Le reste de la troupe part équiper le trou repéré la veille par Dača et Alex. Ivana et Dača visitent ce trou qui se trouve être un puits de 6m avec arrêt sur bloc coincé mais ça continue au-delà... Nous effectuons encore un peu de prospection de surface avant de regagner le camp à Žabljak.
De retour chez nos hôtes, nous nous mettons au travail pour leur rendre la pareille, c'est-à-dire leur cuisiner une de nos spécialités locales. Nous préparons ainsi pour 20 personnes (nos hôtes, leurs amis, les spéléos serbes et nous) un monumental Boulet Frites Salade bien de chez nous qui, vu les rumeurs, va probablement devenir le plat national monténégrin dans pas longtemps
Mercredi
Le temps se dégage enfin sur le massif. C'est donc branle-bas de combat dans la prairie de Zis, chacun faisant et défaisant des tas au gré de la préparation à la montée vers le camp de base. Direction Sedlo Pass (1900 m), col où nous laissons les voitures pour entamer les portages. Les 250 m de dénivelé sur chemin parfois exposé peuvent être réalisés en 1 h avec une charge normale. Après deux portages pour les plus courageux, nous nous installons au camp de base (+/- 2150 m), situé à proximité d’un point d’eau. La montagne ici se montre sous ses plus belles formes : sommets en aiguille, flysch plissé, énormes éboulis, abris sous roche,… Découverte des lieux et instants kodak devant le coucher de soleil précédant notre premier repas au camp de base.
Jeudi
Cette journée est consacrée à la prospection sur le massif, excepté pour Fric qui reste au camp de base. De nouveau, nous nous scindons en deux équipes. Arnaud, Dača et Jérôme partent à la recherche d’un P50 repéré auparavant par l’ASAK (club de Fric) mais non visité. La marche d’approche est relativement exposé mais ils trouvent la cavité sans encombres. C'est un superbe puit entonnoir. Descendu plein pot avec un fractio, il s’avère être plutôt un puit de 60 m ! Au fond : un interstrate pénétrable sur 4-5 m devient trop étroit mais continue vers le bas. A suivre donc pour l’an prochain.
Alex, Olivier et Vincent accompagnés des 2 Serbes, Ivana et Radmila, consacrent la journée à la prospection de la portion de massif que Fric nous a dédié. Il s’agit d’une cuvette appelée Ledeni Do, située au nord de notre camp de base, derrière la crête du Bandijerna (+/-2400 m). Une première cavité est trouvée : bien que spectaculaire avec un névé situé à son entrée, elle est sans suite. Parmi les trous visités, la cavité présentant le plus d’intérêt est descendue par Olivier avec corde amarrée sur « bloc-Alex ». Il s’agit d’un P7 suivi de ressauts où Olivier est descendu d’environ 12m et, en bout de corde, ça continue en s'élargissant. Mauvaise surprise à la sortie : 2 spits, sranje ! Evidemment, nous sommes à la limite de la zone que les Polonais prospectent. Ensuite visite par Olivier d’une entrée repérée par Vincent ; un puits à neige marqué « MSE 4 » qui descend sur environs 15m. Ça continue entre le névé et la paroi mais c’est large de 15 cm ! Et aucun courant d’air ne se fait sentir. La journée est trop courte que pour pouvoir prospecter le reste de la zone qui nous est attribuée, notamment l’extrême nord-est.
Retour au camp de base pour nos deux équipes.
Fric, Olivier et Alex quittent le camp pour se rendre à Nikśić et rencontrer Vesko, président de la fédération monténégrine. Après 2h de route en mauvais état (nids de poules, condors et autruches), c’est dans un état de fatigue poussé, compensé par les cafés serbes (ou cafés turcs) que nous arrivons au rendez-vous. Après 2h de discussion, Vesko nous autorise à explorer avec les Serbes et se charge des démarches auprès du Parc national de Durmitor. Il propose également une zone propre aux Belges. Retour pénible sur Žabljak à 4h du matin.
Vendredi
A Žabljak, Alex, Olivier et Fric, toujours fatigués de leur voyage de la veille, passent la matinée avec Zis et sa famille. Zis s’avère être le président de la fédération serbe de spéléo ; c’est pourquoi nous discutons longuement du projet Explo2009 et de la possible participation serbe à ce projet. Il nous signale que si nous cherchons un troisième partenaire, nous pouvons faire appel aux spéléos bosniaques de Banja Luka (Bosnie-Herzégovine).
Au camp de base, Arnaud, Jérôme et Vincent profitent de la matinée pour faire quelques photos pour le calendrier. Chemin faisant, Jérôme et Vincent trouvent 2 points de pertes dont 1 pénétrable. Les 3 comparses visitent également un porche visible depuis le camp qui se révèle être une superbe grotte pleine de concrétions de glace. Après un court ramping Arnaud accède à une nouvelle salle, elle aussi pleine de concrétions de glace. Il s'avèrera par la suite que cette partie de la grotte n’est pas représentée sur la topo des Polonais. Au fond un courant d’air sauvage sort d’un petit trou.
Ensuite, Arnaud et Jérôme s’équipent pour aller visiter le chantoir pénétrable repéré plus tôt. C'est plutôt encourageant : 2 puits de 4-5 m en désescalade sur du calcaire coupant comme des lames de rasoir, ensuite ramping dans un boyau de 60 cm de diamètre qui se resserre ; la visite s'arrête donc là.
Retour d’Olivier, Fric et Alex fin d’après-midi. Nous en profitons pour faire une petite « fête » de départ où le « chant des Wallons » et « les filles du bord de mer » côtoient des chants traditionnels d’ex-Yougoslavie.
Samedi et Dimanche
Après de déchirants aux revoirs (à l’année prochaine), nous quittons le massif sans oublier d'offrir le chocolat belge amené pour l'occasion. Retour d’abord à Žabljak, pour saluer Zis et sa famille mais aussi pour effectuer quelques achats souvenirs. Enfin, nous quittons le Monténégro par un autre itinéraire que celui emprunté à l’aller.
Nous prenons d’abord la direction de la Bosnie, puis de Dubrovnik (Croatie du sud) où un bain de mer ainsi qu'un petit resto nous attendent. Après avoir traversé la Croatie du sud, la Slovénie, l’Autriche et l’Allemagne, nous arrivons enfin à Liège pour le nettoyage du mini-bus. C'est encore la tête pleine de découvertes que nous nous quittons dimanche soir épuisés mais heureux.
Photos
ici et
là
